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Entretien parents

Bonjour à vous deux : pourriez-vous vous présenter ainsi que votre enfant ?

 

Bonjour, nous sommes une famille très classique en fait. Nous avons 37 ans tous les deux (un homme et une femme) et nous avons deux enfants de 8 et 12 ans. Nous habitons une petite ville de l’agglomération bordelaise. Nous avons la chance d’habiter dans une maison avec un jardin, une cabane dans un arbre et une balançoire. Nous avons également un chat.

 

Comment votre enfant a t-i exprimé son genre ?

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Notre second fils, depuis tout petit, exprime une grande sensibilité et une grande poésie. Il aime les papillons, les étoiles, les animaux, les couchers de soleil, la rosée dans les fleurs, les cœurs... Depuis tout petit, il nous étonne par sa faculté à voir « du beau » et à l’apprécier, dans la nature notamment. Mais est-ce vraiment une question de genre ?

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Tout petit, comme son frère, on a voulu qu'il puisse jouer aux petites voitures mais aussi à la poupée. Nos deux garçons ont donc eu des voitures et des pistolets mais aussi un poupon avec une poussette ou encore une marchande. A la crèche, il aimait se faire maquiller comme pour le carnaval et se déguiser avec toutes sortes de costumes, dont des robes.

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En maternelle, il jouait avec les garçons et les filles. C’est à partir de la grande section et du CP qu’il nous a dit qu’il préférait jouer avec les filles car les garçons n’étaient pas gentils ou pas assez calmes et ne l’intéressaient pas. En parallèle, dans les magasins de vêtements, il préférait toujours les vêtements « de fille » plus jolis. Il aimait (et aime toujours) les paillettes, la couleur rose et bon nombre d’attributs vestimentaires traditionnellement réservés aux filles.

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Un jour, vers 5-6 ans je crois, il nous a dit qu’il aurait préféré être une fille. Je pense qu’on n’a pas trop su quoi lui dire. On a dû répondre un peu automatiquement : « c’est bien d’être un garçon aussi ? » Mais au quotidien, ce n’est pas un problème.

Il aime beaucoup les déguisements, avec une attirance forte pour les robes plus particulièrement de princesses. Il en a récupérées par le biais de sa cousine ou d’enfants d’ami.e.s, d’autres lui ont été offertes par nous ou d’autres personnes de la famille. Elles sont rangées avec d’autres déguisements qu’il met parfois à la maison, pour danser notamment. Par contre, il est soucieux à l’extérieur de la maison ou de la famille de son apparence et de se conformer aux vêtements de « garçons ».

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Il est très sportif mais apprécie surtout les sports « genrés fille » : équitation, danse, gymnastique.

 

En fait, nous avons cheminé ensemble, c’est lui qui nous a appris qui il est vraiment au quotidien. Pour nous, ce n’est pas vraiment un garçon, ce n’est pas une fille non plus… en tout cas, pas selon les critères du genre. C’est notre enfant, c’est tout, avec sa sensibilité, son mauvais caractère aussi parfois… Peu importe la question du genre en fait, elle ne se pose pas pour nous. Chez Mc Do ou dans une cafétéria, oui, il est bien un garçon (dans le sens où il a un sexe masculin en fait !) et oui, il veut un jouet de fille. Il n’y a pas de contradiction, cela nous paraît complètement naturel.

 

Comment l'avez-vous pris ?

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Nous l’avons pris comme il est ! Sur fond de bienveillance et de tolérance, cette « découverte progressive » s’est faite naturellement pour nous comme pour les membres de notre cercle familial et amical. Je ne pense pas que ça ait posé le moindre problème pour qui que ce soit, même si cela a parfois suscité des interrogations. On a un peu mal au cœur pendant les soldes quand il regarde avec envie le rayon des filles. Cela dit, nous lui avons acheté quelques habits « de filles » pour la maison. On lui dit qu’il est beau quand il est habillé en fille (et c’est vrai que ça lui va bien). Mais on lui dit aussi qu’il est beau en chemise et cravate, le jour de la photo de classe ou pour une fête de famille par exemple. Pour le reste, on va plutôt dans son sens quand il veut protéger son jardin secret auprès des proches et de ses amies d’écoles.

 

Face aux violences et humiliations potentielles, que faites-vous ?

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Pour l’instant, même si on les redoute, on n’y est pas confronté. A vrai dire, on a assez peur du collège, période cruciale avec la puberté et l’importance du phénomène d’appartenance au groupe et de mimétisme. Aujourd’hui, on est vigilant. On l’interroge sur le quotidien. Mais nous sommes évidemment prêts à intervenir au moindre problème. Nous avons la chance d’habiter dans une ville où la lutte contre les discriminations est assez engagée. Les acteurs éducatifs sont sensibilisés. Pour autant, il va grandir et nous savons qu’il ne sera pas toujours protégé des violences. Nous serons vigilants, combatifs et essaierons de le soutenir du mieux possible pour qu’il puisse rester lui-même tout en l’encourageant à se protéger malgré tout.

 

Comment cela se passe-t-il aujourd'hui pour votre enfant ?

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C’est un enfant heureux qui fait beaucoup de sport, qui a de nombreuses amies, qui est souvent invité à des anniversaires. Il travaille bien en classe et nous semble bien dans sa peau. Il est heureux d’aller à l’école. Il rit à gorge déployée devant les films comiques.

Le petit bémol, c’est qu’il n’a pas envie de grandir. Se dit-il que tout va être plus compliqué en grandissant, que les autres accepteront moins ses préférences ? A-t-il déjà senti qu’il serait moins libre d’être vraiment lui-même, que les transformations physiques vont probablement changer la donne ? Nous n’en avons jamais vraiment parlé ensemble pour le moment. Il n’a que 8 ans. On se dit qu’on a encore un peu de temps.

 

Que diriez-vous à des parents confrontés à la même situation que vous ?

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Laissez-vous guider par l’amour… Cela vous permettra d’accepter votre enfant tel qu’il est et pas de lutter pour qu’il devienne tel que vous voudriez qu’il soit. Mais en fin de compte, cela vaut pour tous les enfants !

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